« Les « violences-manière de dire » viennent de notre impuissance à nommer ce qui se passe en nous et à en prendre soin. Une émotion forte qui ne trouve pas de mot produit des maux. Faute de pouvoir dire une frustration, nous nous mettons à aboyer et, si cela ne suffit pas, à mordre. Le passage de l’agressivité verbale à la violence physique est ici affaire de degré, la tension émotionnelle augmentant à mesure que l’incompréhension se prolonge. Ces brutalités sont le prix que nous payons à ne pas écouter notre vécu. Ce n’est pas la frustration qui entraîne la violence mais plutôt l’incapacité à accueillir et à faire quelque chose d’utile de cette frustration. Le frère qui mord sa sœur alors même qu’elle est fêtée et félicitée par tous est en train de dire tragiquement sa jalousie et son propre besoin d’attention. Cela se soigne autrement que s’il était en train de tricher en vue de tirer profit (« violence-manière d’obtenir »). C’est en lui offrant de l’attention et en l’aidant à s’écouter, lui, au bon endroit que disparaîtra son animosité. De même, le sentiment de colère ne devient violent que s’il n’est pas entendu. Le mari qui en vient à « parler avec ses poings » a d’abord accumulé des frustrations, puis il a vu rouge car il n’a pas pu nommer son besoin ni trouver les moyens concrets de l’honorer et de le faire respecter. C’est en prenant au sérieux ce qui n’est pas respecté en lui qu’il arrêtera de siffler comme une cocotte-minute sous pression. La communication vraie constitue le remède à toutes les paroles blessantes ou emmurées » (Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain, 2009, p. 109) : étape 3 duparcours de formation.