« Après une catastrophe, c’est à dire un « événement qui suspend les activités normales et cause de sérieux dommages à une large communauté » (Aldrich, Building Resilience. Social Capital in Post-Disaster Recovery, University of Chicago Press, 2012), la plupart des humains montrent des comportements extraordinairement altruistes, calmes et posés. Sont exclues de cette définition les situations où il n’y a pas d’effet de surprise, comme les camps de concentration, et les situations plus complexes des conflits armés. « Des décennies de recherches méticuleuses sur le comportement humain face aux désastres, aux bombardements durant la seconde guerre mondiale, aux inondations, aux tremblements de terre et aux tempêtes à travers le continent et ailleurs dans le monde l’ont démontré » (Solnit, A Paradise Built in Hell : The Extraordinary Communities That Arise in Disaster, Penguin Books, 2012). Dans ces situations, certains prennent même des risques insensés pour aider des personnes autour d’eux, aussi bien des proches que des voisins ou de parfaits étrangers. Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’image d’un être humain égoïste et paniqué en temps de catastrophe n’est pas du tout corroborée par les faits.
[…] Dans l’univers d’un élevage de dindes, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes : l’éleveur vient tous les jours donner des grains et il fait toujours chaud. Les dindes vivent dans un monde de croissance et d’abondance… jusqu’à la veille de Noël ! S’il y avait une dinde statisticienne spécialiste de la gestion des risques, le 23 décembre, elle dirait à ses congénères qu’il n’y a aucun souci à se faire pour l’avenir.
[…] L’utopie change de camp : est aujourd’hui utopiste celui qui croit que tout peut continuer comme avant » (Pablo Servigne, Comment tout peut s’effondrer : Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes).