Tu ne vois que mon ombre ?

Ce projet m’a fait monter très haut dans l’enthousiasme,
tout excité que j’étais d’imaginer tous les possibles,
de créer à partir de ces nouvelles perspectives.
Les défis m’enchantaient, les inconvénients m’échappaient,
les petits cailloux dans ma chaussure à peine perceptibles…

Et puis, progressivement, le poids de nos inerties s’est refait sentir.
La réalité des contraintes s’est rappelée à moi.
C’est le temps où je démêle avec lucidité
ce qui relève de l’appel… et du fantasme…
Il y eut un soir, pétant toutes les limites.
Il y eut un matin, incarné dans la matière.

Bienvenue à l’un qui a crevé tous les plafonds !
Bienvenue à l’autre qui nous a fait prendre la poutre en face.
Les deux contribuent à l’humble accueil du monde
tel qu’il devient par nos enthousiasmes et
tel qu’il est encore par les résistances
qui nous immobilisent encore… 

Partir de ta vérité

Un stratège dans une négociation, sait parler à partir de la vérité à laquelle est sensible son interlocuteur, tout en ayant bien à l’esprit son propre objectif.

Exemple :
Jacob, un juif russe, a finalement été autorisé à émigrer en Israël.
À l’aéroport de Moscou, un inspecteur des douanes a trouvé une statue de Lénine dans ses bagages et a demandé : « Qu’est-ce que c’est ? »
« Mauvaise question, camarade », répondit Jacob.
« La bonne question est « qui est-ce ? » : c’est le camarade Lénine.
Il a jeté les bases du socialisme et a créé la prospérité future du peuple russe.
Je l’emporte avec moi en souvenir de notre grand héros. »
Le douanier russe l’a laissé aller.

À l’aéroport de Tel-Aviv, un douanier israélien a demandé à Jacob : « Qu’est-ce que c’est ? »  
« Mauvaise question, Monsieur. La bonne question est « qui est-ce ? »  ?
C’est Lénine, le bâtard qui m’a poussé, moi, un Juif, à quitter la Russie dans la honte. Je prends cette statue comme un rappel pour le maudire tous les jours. »
Le responsable israélien l’a laissé entrer.

Dans sa nouvelle maison à Tel-Aviv, Jacob a placé la statue sur une table.
Le lendemain soir, il a invité des amis et des parents à dîner pour fêter sa nouvelle installation. Repérant la statue, l’un de ses cousins a demandé : «  Qui est-ce ? »
« Mauvaise question … La bonne question est « qu’est-ce que c’est ? »
« Il s’agit de cinq kilogrammes d’or massif que j’ai réussi à ramener de Russie sans avoir à payer de droits de douane ni de taxes. »

Pour approfondir l’interaction emmêlée du manipulateur et du manipulé,
voir mon livre La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits,
Presses Universitaires de Louvain P.U.L., p. 135 (plus largement, p. 131 à 146).

Monte sur les épaules du vent

« Quelle que soit la saison,
Quel que soit l’oiseau,
Quel que soit le chant,
N’enseigne que la cime,
Ne ferme aucun passage,
Ne t’interdis aucune voie,
Approuve le printemps !
Des routes imprévues
Croiseront sûrement
Tes chemins de traverse.
Allège tes certitudes,
Adoucis l’enfant de tes rêves,
Soulève tes croyances,
Mets du jeu dans ta foi !
Aussi fermée soit ta blessure,
Aussi sombre l’horizon,
Roule la pierre du soleil,
Monte sur les épaules du vent !
Seuls les sentiers où tu t’égares
Te donneront des ailes »
(Jean Lavoué, www.enfancedesarbres.com, 2015).

La voix de voie lactée

« Mon regard étonné, contemple la lumière
Qui, dans un rayon d’or, semble venir des cieux.
Et durant qu’ici-bas tout est silencieux,
J’entends un chœur lointain doux comme une prière.
J’ai du philtre divin vidé la coupe entière.
Tout se métamorphose et s’anime à mes yeux ;
L’étrange en mon esprit s’unit au merveilleux.
Je crois voir tressaillir des nudités de pierre
Plus idéale encor’ que l’antique beauté
Que donnait Phidias à la divinité,
Dans une vision pure et blanche comme Ève.
Je vois dans sa splendeur et dans sa majesté,
Sous de longs voiles noirs que le zéphir soulève :
La houri du Haschisch souriant dans mon rêve »
(Antoine Monnier, Le Rêve, il y a un bon siècle de cela).

Mon conjoint est là pour m’accoucher de mes démons et de mes ombres

Ce soir, c’est le halftime entre notre mariage civil et notre mariage religieux… Christine et moi, nous nous sommes épousés il y a 33 ans. Dites 33… Et faites fête 33 tours…

« L’illusion que la relation doit rester gratifiante distille un poison. ‘L’autre’ est une aventure périlleuse. Il est là pour m’accoucher de mes démons et de mes ombres. Aussi court-il le risque de devenir l’écran de projection de tout mon mal-être. II est par excellence cet « empêcheur de tourner en rond » qui m’arrache à ma ronronnante identité, au renfermement qui sans lui me guettait ; il va faire brèche en moi, c’est-à-dire me mettre en vie et en métamorphose » (Préface de Christiane Singer dans Carlo TRIPPI, La thérapie Imago. Une nouvelle approche de l’aventure du couple, Éditions Jouvence, 2008).

Le secret de l’amour qui ne finit pas ?
Recevoir chaque matin manne et cailles
en surabondance mais juste pour ce jour-ci. 
L’Amour nous est donné…
Allez, puisez
< > ah l’épuisé…
https://etiennechome.site/allez-puisez-sinon-ah-lepuise/

Victor Jara dans le coup d’État au Chili

Le 11 septembre 1973 (il y a 50 ans), le général Augusto Pinochet opère un coup d’État au Chili, transforme en centre de détention et de torture le grand stade national de Santiago. « Nous sommes 5.000 au stade », chante Victor Jara. C’est son dernier poème avant d’être tué par balles :
« Ay Chant, tu ne me réussis pas
quand je dois chanter l’effroi,
effroi comme celui que je vis.
Comme je meurs d’effroi
de me voir entre tant et tant de moments de l’infini,
parmi le silence et le cri qui sont l’horizon de ce chant.
Ce que je vois, je ne l’ai jamais vu ; ce que j’ai senti
et ce que je sens fera germer cet instant… »

La femme n’est pas sortie de la côte d’Adam

En Genèse 2, il n’est pas question de « femme sortie de la côte d’Adam », comme nous fourvoie cette mauvaise traduction. Il y est révélé que l’homme et la femme sont les deux CÔTÉS que Dieu créent pour générer l’humanité. Dieu bâtit là du grandiose et du solide : l’un est inachevé et devient pleinement lui-même dans la rencontre de l’autre, et vice-versa ; différents pour s’accomplir à travers une relation qui les dépasse tous deux.

Quand on lit ce récit délivré de nos a priori anti-misogynes,
on peut apprécier que la femme y est davantage actrice
que l’homme engourdi et qu’elle joue un rôle capital
dans cet appel à parachever la création…

Cf. Hélène de Saint Aubert, Sexuation, parité et nuptialité dans le second récit de la Création (Gn 2), Collection Lectio Divina, février 2023.

Le G20 : famille mondiale dysfonctionnelle

1) Les pays engagés dans le G20 = près de deux tiers de la population mondiale, trois quart du commerce mondial et 80 % du produit mondial brut (somme des PIB de tous les pays du monde).
Le G20 a été élevé au rang de chef d’État ou de gouvernement à la suite de la crise économique et financière mondiale il y a 15 ans. Il se veut depuis lors « premier forum de coopération économique internationale ».

2) Le temps du G20, le Premier Ministre indien aimerait faire disparaître la pauvreté dans la ville de New Delhi : pour accueillir les Grands de ce monde, on a rasé un bidonville et davantage précarisé ses habitants, parmi les plus pauvres + fait la chasse aux chiens errants.

3) « Si nous sommes effectivement une famille mondiale, nous ressemblons aujourd’hui à une famille plutôt dysfonctionnelle » (Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies). 

4) « J’étais allé, mendiant de porte en porte, sur le chemin du village lorsque ton chariot d’or apparut au loin pareil à un rêve splendide et j’admirais quel était ce Roi de tous les rois !

Mais les espoirs s’exaltèrent et je pensais : c’en est fini des mauvais jours, et déjà je me tenais dans l’attente d’aumônes spontanées et de richesses éparpillées partout dans la poussière.

Le chariot s’arrêta là où je me tenais. Ton regard tomba sur moi et tu descendis avec un sourire. Je sentis que la chance de ma vie était enfin venue.

Soudain, alors, tu tendis ta main droite et dis : « Qu’as-tu à me donner ? »

Ah ! quel jeu royal était-ce là de tendre la main au mendiant pour mendier ! J’étais confus et demeurai perplexe ; enfin, de ma besace, je tirai lentement un tout petit grain de blé et te le donnai.

Mais combien fut grande ma surprise lorsqu’à la fin du jour, vidant à terre mon sac, je trouvai un tout petit grain d’or parmi le tas des pauvres grains. Je pleurai amèrement alors et pensai : « Que n’ai-je eu le coeur de te donner mon tout ! » »
(Rabindranath Tagore, L’offrande lyrique, Poème n°50).

Pour bien vivre ensemble, avec la méthode C-R-I-T-E-R-E

Pour bien vivre ensemble, deux personnes gagnent à s’offrir régulièrement des temps d’écoute, telle que chacune se sente entendue et validée dans ce qu’elle vit et dans ce qu’elle trouve important.
Un tel temps de qualité où elles se connectent ensemble aux trésors de l’une puis de l’autre (à ce qui la fait vivre et vibrer au plus profond d’elle-même) est à vivre à un moment différent que les temps où elles cherchent ensemble à prendre les meilleures décisions pour le vivre-ensemble et autres…
Le premier temps relève de la communication vraie, sincère, authentique, il requiert des compétences d’intelligence émotionnelle, d’empathie.
Les temps aboutissant à un accord requièrent des compétences de négociation efficace (créativité pour optimiser la meilleure décision possible), au sein d’un cadre de droit ajusté (justice et justesse, débarrassées des jeux de pouvoir).  
Ces pistes ramassent la méthode C-R-I-T-E-R-E que j’ai forgée… Cf. Chomé Étienne, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses universitaires de Louvain P.U.L., 2009, disponible en français et en anglais et les sessions organisées par le réseau CommunicActions (www.communicactions.eu et www.communicactions.org).