La méthode C-R-I-T-E-R-E, cinquième étape : l’émotion conduit à la chambre du trésor. Par exemple, la joie est l’art d’accueillir jusqu’au bout la tristesse quand elle vient clignoter sur mon tableau de bord interne… La tristesse est un cadeau en cas de perte pour que je fasse toutes les étapes qui mènent jusqu’à l’acceptation de la perte et ainsi jusqu’à la vie nouvelle après deuil…
« La plupart attrapent une opinion comme on attrape la rougeole, par contagion » (Jules Payot, La faillite de l’enseignement, 1937).
« L’école de Palo Alto, dont Paul Watzlawick est la figure de proue, s’est intéressée aux paraboles évangéliques car elles contiennent toutes les caractéristiques du « langage de changement ». Elles opèrent un « re-cadrage », c’est-à-dire qu’elles ne se contentent pas de modifier des éléments à l’intérieur d’un système laissé intact mais elles réussissent à changer le système de référence lui-même. Le langage de changement cherche à faire bouger, à l’opposé du langage didactique qui relève en linguistique du langage de renforcement (celui-ci cherche à expliquer, à expliciter, à clarifier les tenants et les aboutissants d’une problématique).
[…] Jésus réalise un double mouvement 1) de déconstruction (il ébranle le schéma de pur/impur) et en même temps 2) de reconstruction (il lui substitue celui de pécheur pardonné/pécheur sauvé). Geert Hallback applique le concept de Jacques Derrida aux paraboles : elles ne sont pas destructives mais plutôt « déconstructives », elles dé-construisent et re-construisent tout à la fois. Une parabole fonctionne comme un métier à tisser à double navette : l’une dénoue les fils pendant que l’autre en noue d’autres.
[…] Au cœur du jeu parabolique, s’exerce un ressort en 3 temps : 1) la parabole détend d’abord et comprend son destinataire ; 2) puis, elle tend ailleurs et le surprend par un coup de théâtre, un renversement de situation ; 3) enfin, elle lui tend la perche en lui lançant un « prends position » ! Nous avons à chaque fois examiné comment la parabole, par ce jeu de recadrage, constitue un langage de changement d’une redoutable performativité pour appeler à un comportement nouveau.
[…] La parabole fonctionne comme une opération de sauvetage de quelqu’un qui est tombé dans un trou. 1) Elle commence par lui tendre la main. 2) Une fois qu’elle le tient bien, elle le tire vers le haut pour l’en sortir. 3) Enfin, elle lui demande de tenir debout par lui-même. Hélas, au moment où la parabole cherche à le sortir du trou, il arrive qu’il lâche la main et retombe au fond du trou. Il va alors comprendre la parabole à l’envers, lui faire dire son contraire. Incapable de voir le ressort de la parabole dans le deuxième mouvement, il va la réduire dans le mouvement premier. Il se convainc que la parabole légitime la conduite qu’en réalité, elle conteste. C’est le risque pris par l’art parabolique qui commence par entrer dans la perspective de son destinataire. Nous avons montré à chaque fois comment la parabole prend soin d’aménager d’abord un terrain d’entente, une plate-forme commune, en obtenant son assentimentsur un point, lequel sert alors de levier pour tenter de surmonter le dissentiment » (ChomÉ Étienne, Le jeu parabolique de Jésus, une étonnante stratégie non-violente, Éditions Lumen Vitae, Collection Connaître la Bible, n° 57, 2009, p. 28-29 & p. 74).
Du tend qui détend au prends position via comprend qui surprend !
La méthode C-R-I-T-E-R-E, cinquième étape : l’émotion conduit à la chambre du trésor
La tristesse est un cadeau, en ce sens qu’en cas de perte, elle surgit en moi comme un ange qui me prend par la main et qui me guide dans les étapes du deuil, pour intégrer la perte de l’être cher.
Les larmes sont un médicament, en vue de retrouver la vie là où elle est perdue (parfois en vue d’accepter de vivre alors même que, toi, tu es mort).
Accueillir ma tristesse comme un guide bienveillant, au point de la traverser de part en part, jusqu’au bout de mes ressentis corporels et émotionnels.
Mieux je la visiterai ainsi, plus vite je rentrerai à nouveau dans la grande danse du Vivant, renouant avec la joie authentique.
La méthode C-R-I-T-E-R-E, troisième étape : ne pas alimenter le jeu de pouvoir et garder son cap gagnant
Le marin garde souplement son cap, au milieu des bourrasques ! Un bon négociateur ne contre pas les tactiques et effets de manche de son interlocuteur. Il réoriente tout ce qui est apporté dans l’échange pour faire avancer ses objectifs Win-Win.
Cf. Étienne Chomé, La méthode C-R-I-T-E-R-E pour mieux gérer nos conflits, Presses Universitaires de Louvain, 2009, p. 130 à 180.