Fête du 2 novembre

Selon Albert Chapelle, un de mes maîtres de jeunesse, la mort est rupture de rythme, éclatement des temps : cet abrupt qui nous fait tous tomber dans un abîme qui semble séparer les êtres irrémédiablement. La Bible tient à souligner que Dieu n’a pas fait la mort et qu’Il lui a réservé une surprise de taille. En portant le poids de la mort jusqu’au bout de l’Amour, Dieu Père-Mère, Fils et Esprit révèle le surcroît de Vie que la Trinité nous offre gratuitement. La mort est devenue cet hiatus par lequel Dieu nous donne accès à la Vie éternelle ! Pour qui accueille la vie de Jésus, s’y manifeste l’immensité de l’Amour divin et la surabondance de ses éternelle surprise et éternel surcroît…

Vivent nos défunts que nous honorons par cette fête du 2 novembre…

Vérité au nord, erreur au sud ?

Des amis qui ont du fuir leur pays après avoir échappé à la mort à cause de leurs engagements de Peacebuilders ont trouvé refuge au nord de la Finlande. Ils m’envoient les images de leurs paysages déjà habillés du manteau de neige : incomparable beauté.

Ici, par contre, à Maurice, c’est le ‘printemps’ : la floraison magnifique des jacarandas et autres membres de la Cour royale annonce celle de sa Majesté, Sire Flamboyant, qui sera le dernier des arbres à éclater de ses mille feux…

De l’extrême nord et de l’extrême sud de la planète, nous voyons la même lune mais elle nous apparaît inversée. Il est bon d’honorer nos contextes culturels si différents. Blaise Pascal disait : « vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ». Le rapport à la vie et à la loi se vivent si différemment ici et là-bas…

Bons baisers de l’île arc-en-ciel. Vers vous, chers amis, j’envoie une pluie de cœurs douce et chaude. Elle vous parviendra au travers d’un arc-en-ciel à la fois lumineux et pluvieux : qu’il colore nos vies et abreuve notre amitié…

Surabondance qui déborde

« Si tu es sage, montre-toi vasque et non pas canal  Un canal reçoit l’eau et la répand presque tout de suite. Une vasque, en revanche, attend d’être remplie et communique ainsi sa surabondance sans se faire de tort… Mais tu vas me dire : ‘La charité ne cherche pas son avantage’ (1 Co 13,5). Oui, mais sais-tu pourquoi ? Elle ne cherche pas son avantage, parce qu’elle ne manque de rien. Qui chercherait ce qu’il possède déjà ? La charité n’est jamais dépourvue de son avantage, à savoir de ce qui est nécessaire au salut » (Bernard de Clairvaux).

Prier, à la source

Ma part intelligente cherche à connaitre Dieu, assoiffée de savoirs sur lui. Elle construit ses images et ses concepts sur lui. Si elle opère seule, de manière isolée, elle s’embourbe dans ses fabrications d’idoles.

Ma part volontaire, à coups de résolutions déterminées, s’efforce de décider de rester fidèle aux formes de prière qu’elle se sent obligée d’honorer ! Et tant pis si c’est du bout des lèvres. Hélas, ses réserves d’énergie sont limitées et à force de trimer en étant coupée de la source, à la longue, sa batterie interne propre s’épuise peu à peu.

Mes parts intelligente et volontaire sont les seconds du navire, elles peuvent apprendre du capitaine, qui est alimenté par les sources inépuisables et surabondantes : déjà les tout simplement naturelles, l’aquatique et la terrienne qui montent du bas ; la lumineuse qui descend du haut ; l’oxygénante (dont l’inspire et l’expire combinent horizontal et vertical). Le capitaine du navire, lui, commence chaque aventure de prière par l’accueil interne de chaque membre de l’équipage tourmenté, activé d’une manière ou d’une autre. Il met toute son attention sur ce qui est présent, y compris le manque qui déstabilise et l’absence qui creuse le manque. Y compris ? À vrai dire, prioritairement. Car ce manque est l’eau fade de laquelle va jaillir le vin des Noces : ce manque est le verre à moitié vide du besoin qui s’y trouve en creux… En lui offrant toute mon attention, jusqu’à ma considération, je vais cheminer dans mes boyaux psychiques noués, jusqu’au moment –  cadeau-surprise – d’une transformation intérieure : de hug en hug, avec chaque part en manque de quelque chose, viendra le moment béni où l’absence deviendra Présence inépuisable et surabondante…

Ainsi alimentées, mes parts intelligente et volontaire peuvent alors se déployer avec leur talent propre : la première me permet de rendre compte de l’expérience vivifiante, la deuxième est excellente pour demeurer fidèle au processus d’empathie envers chaque part tourmentée. Non pas décider d’aimer (à la force du poignet) tout qui ne va pas bien (avec le danger de me donner de bons points et de grimper sur un pied d’estale) mais décider de lui offrir ma curiosité bienveillante, jusqu’à ce que s’ouvre quelque chose, de l’ordre de la vie.

Pour que Dieu m’aime ou parce qu’Il m’aime ?

J’agis avec amour pour que Dieu prenne soin de nous ?
J’agis avec amour parce que Dieu prend soin de nous ?
Tout est dit dans la différence :
« pour que » = faire des sacrifices et se sacrifier
pour obtenir des grâces… ;
« parce que » = faire l’expérience de son Amour-source
gratuit et y répondre généreusement.

À la messe, la cloche sonne à la consécration,
pour que le croyant soit attentif et réceptif
de tout son être à la Présence d’amour.

Au temple hindou ou à la pagode bouddhiste,
le croyant sonne la cloche en s’approchant
d’une divinité pour que celle-ci prête
attention à son sacrifice.

« parce que » et non « pour que » = la bonne
nouvelle de la Bible se résume en deux lettres :
« ar » et non « ou »

Suivez le fil…

« Je regarde filer ces araignées d’eau sur la soie d’un étang, fragiles, avançant par saccades comme sous l’accès d’une pensée sans cesse interrompue, sans cesse reprise, inventant la légèreté d’une voie entre les deux éternités massives de l’air et de l’eau » (Christian Bobin, Le huitième jour de la semaine).

Connexion au Grand émetteur

Mise à jour de la notion de ‘Ciel’ :
« Ici, vu la proximité du Grand émetteur,
on peut se passer de la wifi »
(le héros de L’amour vaut mieux que la vie, à son enterrement).

Cette femme doit mourir !
Jésus se met à écrire
sur du sable. C’est pour rire ?
C’est en Jean, chapitre huitre !
Cœurs fermés ? Allons relire…

Là tout entière, tout éveillée

Quelques morceaux choisis de cette prière d’Élisabeth de la Trinité : 
Ô Trinité que j’adore, aidez-moi à m’oublier entièrement
pour m’établir en vous, comme si déjà mon âme était dans l’éternité.
Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel, votre demeure aimée.
Que je ne vous y laisse jamais seul, mais que je sois là tout entière,
tout éveillée en ma foi, toute livrée à votre Action créatrice.
Ô mon Christ, je vous demande de me revêtir de vous-même,
afin que ma vie soit un rayonnement de votre Vie.
Ô mon Astre aimé, fascinez-moi pour que
je ne puisse plus sortir de votre rayonnement.
Ô Feu consumant, Esprit d’amour, survenez en moi 
afin qu’il se fasse en mon âme comme une incarnation du Verbe :
que je Lui sois une humanité de surcroît
en laquelle Il renouvelle tout son Mystère.
Et vous, ô Père, couvrez votre créature de votre ombre.
Ô mes Trois, ma Béatitude, Immensité où je me perds,
ensevelissez-vous en moi pour que je m’ensevelisse en vous,
en attendant d’aller contempler en votre lumière
l’abîme de vos grandeurs.

Trépied trépigne ?

Pour rendre ses oracles à Delphes, la Pythie, montait sur son siège spécial : le trépied d’Apollon, un trépied sacrificiel, après de longs préparatifs, des sacrifices, des purifications, un jeûne de trois jours et beaucoup d’autres cérémonies…

« Je trouve Vulcain un divin forgeron, quand il fait des trépieds d’or qui vont tout seuls au conseil des dieux » (Voltaire, Dialogue 15).

« Puisque, de ce moment, vous m’érigez en oracle, me voilà sur mon trépied, parlant avec enthousiasme » (Paul-Louis Courier, Lettre à sa mère, dans Lettres et pamphlets, 1793).

Vivre au centre de ma verticalité et mon horizontalité

Vivre centré = faire des choix de vie tels que
s’équilibrent mon axe vertical et mon axe horizontal
et que je me tienne le mieux possible en leur centre.

Si ma verticalité est très développée
sans que ne suive ma base horizontale
(c’est-à-dire un chemin concret de guérison
personnelle et de réconciliation interpersonnelle),
je risque d’être un mât sans bateau, à la dérive dans l’eau…
L’Amour a à éclairer pénétrer toutes
les ombres de mes cales-tombeaux.

Dans les termes inverses (belle humanité sans verticalité),
je risque d’être un bateau stagnant, sans mât, sans souffle,
sans avancées cruciales. Pour que mon travail thérapeutique
avance joyeusement jusqu’à l’Essence-Ciel, rien de tel
que d’expérimenter l’Amour, avec un grand A,
qui est aussi proche de moi
que la source l’est du ruisseau,
que l’oxygène l’est de mon souffle,
que le soleil l’est de cette étincelle de vie qui m’anime…