Osons l’impossible devant l’impôt-cible

Voci des extraits de mon livre Le nouveau paradigme de non-violence, p 241-242 et p. 304-35 :

Le caractère inacceptable des horreurs de la guerre fait consensus. Ceci dit, pour ne pas les revivre, il ne suffit pas de « dessiner des pigeons et signer des appels », comme dit Gaston Bouthoul, dans sa Lettre ouverte aux pacifistes. Le défi est de mettre en place des alternatives crédibles de défense efficace nous permettant effectivement de désamorcer les violences. « Supprimer les guerres, c’est résoudre les conflits autrement que par l’usage des armes. Il s’agit donc bien d’imaginer d’autres moyens que les armes de la violence pour résoudre humainement les inévitables conflits humains » (Jean-Marie Muller, Vous avez dit : « Pacifisme ? »).

Traditionnellement, la défense se résumait à des dispositifs militaires. Avec l’essor de la résolution des conflits, une défense globale donne beaucoup plus de place à la défense civile citoyenne. La composante armée est insérée dans une mobilisation de toutes les forces économiques, sociales et culturelles. Traditionnellement, la doctrine de la guerre/paix juste stipule que « le dernier recours » de la violence n’est moralement autorisé qu’en cas d’échec durable des stratégies non-violentes. Mais quelle chance un pays donne-t-il à celles-ci lorsque plus de 99 % de son budget de défense est alloué à l’armée, largement dépendant du lobby militaro-industriel ? Dans divers pays, des citoyens osent faire objection de conscience  précise : ils paient leurs impôts sauf +/- 2 % (l’équivalent de leur participation au budget militaire national), en expliquant à leur gouvernement leur refus de coopérer à sa politique militariste et en affectant ces +/- 2 % au financement d’expériences novatrices de défense civile citoyenne et des programmes de paix constructive. L’union fait la force : si une masse critique de citoyens bouge, toute la Nation bougera.

Les acteurs engagés dans des interventions civiles de paix revendiquent un statut d’acteurs à part entière dans les conflits de ce monde et dans la construction de la paix véritable, au moyen d’une politique multidimensionnelle, active et crédible, de promotion de la paix. Des statuts juridiques ont encore à être pensés pour ceux qui ne réclament pas un droit d’objection de conscience absolue mais qui contestent aussi l’obligation d’enrôlement militaire automatique sous les drapeaux. En 1994, les évêques américains disaient : « Le besoin se fait sentir de mieux définir les relations justes entre l’autorité de l’État et la conscience de l’individu sur les questions de la guerre et de la paix », invitant à réfléchir à « l’objection de conscience sélective » (Conférence épiscopale des États-Unis, Le fruit de la justice est semé dans la paix).

Bienheureux les leaders comme Gandhi montrant au plus grand nombre de leurs concitoyens comment prendre toute leur place dans la construction d’une paix juste.